Samedi 26 janvier 2019 – Source: Por un Sahara Libre (traduit de l’anglais par Michèle Joly)
Lahoucine Amaadour (Husein Bachir Brahim en Sahraoui) sera présenté au Juge d’instruction de Marrakech le 29 janvier. Le jeune homme a été expulsé des Iles Canaries le 17 janvier dernier après que sa demande d’asile lui soit refusée dans des circonstances encore non expliquées par les autorités espagnoles. Dès son retour, il a été arrêté par les autorités marocaines et détenu actuellement dans la prison d’Oudaya près de Marrakech.
Qui est Lahoucine Amaadour / Husein Bachir Brahim?
Husein Bachir Brahim Saharaui est né le 3 janvier 1991 à Guelmin, ; il a passé son enfance à El Aaiun, capitale du Sahara occidental jusqu’à ce que sa famille parte vivre à Tan Tan. Comme tous les Sahraouis, il porte un nom « marocain »,Lahoucine Amaadour, imposé par les autorités d’occupation ; c’est son nom officiel, il figure sur tous les documents.
En 2011/2012, il commence des études de droit public à l’université Ibn Zohr d’Agadir et était en troisième année de droit lorsqu’il dut interrompre ses études à cause de harcèlement de la part des autorités marocaines. Amaadour était connu pour ses activités politiques et était un des leaders de l’Association des Etudiants sahraouis qui défend les droits des étudiants, mais aussi revendique l’indépendance du Sahara occidental.
Comme tous les activistes Sahraouis, ce jeune étudiant était aussi victime de harcèlement politique et d’intimidation par la police marocaine.
Depuis 2016, Amaadour était contraint d’éviter toute apparition publique, c’est l’année où les étudiants, membres du groupe El Uali furent arrêtés et condamnés de 3 à 10 ans de prison. 10 de ces étudiants ont été libérés le 25 janvier 2019, en fin de peine. Les autorités marocaines ont délivré un mandat national de recherche en l’encontre de Amaadour dans le but de l’arrêter , au motif qu’il est le leader des organisations d’étudiants sahraouis et des manifestations à l’université d’Agadir.
Arrivée en Espagne
Dans une situation désespérée, Amaadour décida de traverser l’Atlantique sur un bateau avec des émigrants et le 11 janvier il atteignit l’Ile de Lanzarote. A son arrivée, il est arrêté par la police espagnole ; il demande immédiatement l’asile politique.
Ce qui se produisit ensuite n’est pas très clair ; les autorités espagnoles firent des difficultés pour qu’Amaadour puisse parler à sa famille. Après un appel téléphonique au cours duquel Amaadour dit qu’il était avec un avocat et qu’il allait passer devant un juge le 14 janvier, il n’eut plus aucune information jusqu’à ce qu’il apprit qu’on allait l’expulser. Il reste à vérifier si oui ou non il a été présenté devant un juge, bien qu’il semble qu’il ne soit jamais allé devant un tribunal et qu’il n’eut pas le temps d’initier une action judiciaire quelconque
Les circonstances de cette expulsion doivent être clarifiées, le refus de donner l’asile soulève de sérieuses questions puisque Amaadour remplit toutes les conditions nécessaires pour obtenir l’asile selon les lois espagnoles et européennes.
Le jeune homme entama une grève de la faim (sans nourriture ni boisson) jusqu’à sa reconduite à Nadour le 17 janvier. On ne sait pas s’il a bénéficié de soins médicaux pendant cette période.
La Fondation Sahara occidental (FUSO) a été contactée pour localiser le jeune homme car il n’avait plus contacté sa famille depuis plusieurs jours. Un jour après avoir été localisé et alors que FUSO recherchait un avocat pour le représenter, Amaadour fut reconduit au Maroc.
Retour au Maroc
A son arrivée à Nadour, le jeune homme subit un premier interrogatoire par les autorités marocaines, Selon les informations de la famille, Amadoor refusa de signer les documents qui lui furent présentés car leur contenu ne correspondait pas à la réalité. Les questions se focalisaient sur son activité politique et étudiante, sur son opinion sur le conflit au Sahara occidental, et sur les noms des activistes sahraouis qu’il connait.
Le même type d’interrogatoire se répèta à Casablanca où, selon la famille, Amaadour dit avoir été battu. A nouveau, il refusa de signer des documents.
Le 21 janvier, Amaadour est présenté devant le Juge d’instruction du Roi à Marrakech et incarcéré à la prison d’Oudaya à Marrakech.
Le 29 janvier prochain il sera présenté devant le Juge de première instance.
Cette détention survient seulement quelques jours avant la libération, le 25 janvier, de 10 étudiants du groupe El Uali détenus depuis 2016 (Nasser Amenkoura, Mustafa Burkah, Omar Laajna, Mohammed Rgueibi, Ali Shargui, Hamza Ramí, El Wafi Wakari, Ahmed Abba Ali, Ibrahim Almasih, Salek Baber). Omar Beijni sera libéré en Mars prochain et El Kantaoui Albar, Abedmoula Elhafidi, Aziz Aluahidi and Mohammed Dada ayant été condamnés à 10 ans de prison, il leur reste encore à purger 7 ans.