En visitant le site d’un laboratoire français de sciences humaines, l’UMR PALOC (Institut de Recherche pour le Développement (IRD)-Museum national d’Histoire naturelle (MNHN)-Sorbonne Université), nous avons appris, à la faveur d’un avis de publication en date du 15 juin dans la revue Archeologia, que ce laboratoire et l’une de ses tutelles, l’IRD à travers sa représentation au Maroc, avaient signé un partenariat avec le conseil provincial de Smara (« Sahara atlantique, Maroc »!) dans le cadre d’une recherche archéologique ayant lieu, selon le site, au « Maroc » (en réalité au Sahara Occidental). Lien : http://www.paloc.fr/fr/actualites/les-gravures-rupestres-de-laghchiwat-sahara-atlantique-maroc-6818
On apprend (ou plutôt on apprenait… puisque la page web dédiée a été supprimée le 16 juin !) sur le site de « l’IRD au Maroc » que cette convention a été signée en 2018 et pour une durée de 4 ans :
PDF 2-Recherche au Maroc _ Site Web IRD, pp. 44-45
Par ailleurs, on découvre (ou plutôt on découvrait car cette page n’est plus accessible…) sur le même site « L’IRD au Maroc » que cette institution a signé un autre partenariat de recherche concernant la Sebkha d’Imlili située « dans le Sahara marocain à proximité de Dakhla » (également au Sahara Occidental) : p.19 du PDF 2 Voir également ce lien : https://www.ird.fr/la-sebkha-dimlili-une-oasis-de-biodiversite-dans-le-desert
Ou le PDF 3-La Sebkha d’Imlili, une oasis de biodiversité dans le désert ! _ Site Web IRD (au cas où l’IRD décidait de supprimer le précédent lien…)
Laboratoires IRD concernés par ce 2nd projet : UMR 226 / ISE-M, UMR 195 / LEMAR, UMR 022 / CBGP, UMR 151 / LPED, UMR 220 / GRED, UMR 248 / MARBEC
Nous nous étonnons de découvrir que l’IRD, qui avait pourtant soutenu notre colloque de 2016 sur le Sahara Occidental, tenu à l’Université Paris Descartes, et qui a appuyé à deux reprises notre observatoire, « oublie » que ce territoire, du point de vue du droit international, ne fait pas partie de l’entité territoriale marocaine, qu’il est un territoire en guerre et à ce titre soumis au droit international humanitaire, qu’il est reconnu comme occupé par l’Etat marocain selon l’Assemblée Générale des Nations Unies, l’Union Africaine, les services de presse de la Cour de Justice de l’Union européenne, ainsi que certaines cours nationales telles que l’Afrique du Sud ou le Royaume-Uni.
En signant une convention avec une collectivité territoriale « marocaine » située sur ce territoire occupé du Sahara Occidental, dernier territoire en Afrique en attente d’une décolonisation (ainsi reconnu comme territoire non-autonome par les Nations unies), et en réemployant sans aucune précaution dans sa communication officielle la terminologie coloniale marocaine alors que la souveraineté du Maroc sur ce territoire n’a été reconnue par aucun membre de la communauté internationale, l’IRD ne se place-t-il pas dans l’illégalité et ne se fait-il pas la caution internationale d’une entreprise de colonisation connue de tous, au mépris des populations qui vivent sur ce territoire ou dans l’exil ?
Force est de constater que l’IRD, et à travers lui l’un de ses deux ministères de tutelle – le Ministère français des Affaires étrangères et européennes –, accorde plus d’importance au développement de ses intérêts au Maroc, qu’au respect du Droit international humanitaire et des conventions internationales sur la protection du patrimoine (culturel et naturel) des territoires en guerre, dont la violation est passible de condamnations, et encore moins à la dignité de populations qui subissent depuis 45 ans la guerre, l’exil, la répression.
Dans l’immédiat, nous allons demander à la représentation de l’IRD au Maroc une copie de ces conventions et le conseil scientifique de OUISO a décidé d’écrire à la nouvelle Présidente directrice générale de l’IRD ainsi qu’au comité d’éthique de l’IRD pour demander des explications sur ces partenariats.
Affaire à suivre…