Conférence: Islam, justice sociale et vie politique dans l’Ouest saharien contemporain
Le 10 avril 2019 de 17h30 à 19h30 à l’Amphithéâtre Emile Durkheim, Sorbonne, Université Paris-Descartes, 1 rue Victor Cousin 75005 Paris
Professeur invité de l’EHESS: Yahya El Beraa (Université de Nouackchott Al-Aasriya)
Chaire sécable de l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman
Résumé:
L’Islam a joué un rôle important dans la formation de la société ouest-saharienne. Il a contribué structurellement à l’évolution de son système social comme il a facilité et normalisé ses contacts avec les grands centres urbains de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient.
Cependant, deux facteurs principaux ont déterminé l’islam dans cette région du monde et ont coloré la production intellectuelle des lettrés. Un facteur d’ordre culturel et religieux qui consiste en l’adoption du modèle théologique sunnite d’al-Ach’ari, à l’affiliation à la voie mystique d’al-Junayd et à l’option du rite juridique de l’imam Mâlik, surtout dans sa version qasimiyya. Un facteur d’ordre économique, social et politique : il s’agit de la prédominance du nomadisme chez la majorité des habitants comme mode de vie et de l’absence d’un pouvoir central doté de moyens de dissuasion et de coercition (sayba).
Face à cet islam conçu par les grands docteurs des premiers siècles qui ont exercé l’interprétation élargie (ijtihad) et qui s’est traduit dans les rites connus de droit musulman, dans les écoles de croyance et dans les tendances de mysticisme, on assiste depuis trois décennies à l’émergence de plusieurs formes de religiosité marquées par une forte effervescence fondamentaliste. Ces formes ont concurrencé cet islam traditionnel et se sont imposés sur la scène religieuse et politique.
Cependant, l’attitude de l’État mauritanien vis-à-vis du religieux semble assez ambigüe. D’une part, il y a une sorte d’adhésion à l’islam qui se manifeste, plus particulièrement, dans la dénomination de cet État : République islamique de Mauritanie et dans les multiples déclarations des présidents qui se sont succédé au pouvoir soulignant que l’État n’est pas laïc. Le général des armées Mouhammed Ould al-Ghazwâni candidat aux élections présidentielles de juin 2019 et fils d’un cheikh soufi de la voie ghudfiyya a débuté ses contacts par les cheikhs et les oulémas pour leur dire qu‘il compte essentiellement sur leur soutien. D’autre part, la non application par les autorités de la Chari’a (peines légales, etc.) et l’adoption d’une législation tirée du droit positif, tout cela laisse penser que l’État est distant de la chose religieuse.
Inscription obligatoire à l’adresse : sebastien.boulay@parisdescartes.fr
Dans le cadre du séminaire coordonné par Sébastien Boulay (Université Paris Descartes) et Pénélope Larzillière (IRD)